Revue de presse chrétienne
Revue de presse chrétienne
Mgr François Bustillo, 56 ans, rend hommage au pape François. Électeur au conclave – créé cardinal en septembre 2023 –, il exhorte l’Église à « porter la Bonne Nouvelle à la société », pour répondre aux attentes spirituelles qui s’expriment dans le monde, notamment en Occident.
Comment vivez-vous le début de cette période entre cardinaux ?
Cardinal François Bustillo : Nous la vivons dans la confiance et l’espérance, malgré la peine. Je suis également reconnaissant envers François, car c’est lui qui m’a nommé évêque, qui m’a créé cardinal, qui m’a envoyé en Corse… Dans le même temps, nous découvrons la vitalité de Rome et la quantité de personnes qui viennent pour honorer et prier devant le Pape… Il était populaire avec son peuple. Tout ce monde qui est là pour prier est un très beau signe de foi, de confiance et d’espérance de la part des gens. C’est une joie douloureuse qui se manifeste. Mais la mort et la vie, c’est typique du temps pascal !
Que retenez-vous du pontificat ?
François nous a beaucoup parlé de Dieu, des autres, de la Création, de la culture, de la littérature, du Sacré-Cœur… Son pontificat a ouvert beaucoup de perspectives pour que nous puissions grandir dans la foi. De sa personnalité, je garde en particulier sa liberté. Ses paroles ne plaisaient pas toujours, mais il était un homme libre. Dans une époque où nous sommes tout le temps dans le calcul ou la peur, voilà un homme libre qui est capable de dire ce qu’il pense, ce qu’il croit bon et bien pour l’humanité. Cela suscite l’adhésion ou le rejet, mais c’est légitime, car nous ne sommes pas dans une secte !
Son dernier voyage aura été pour la Corse. Quel a été son grand message ?
Ce voyage a constitué un message d’encouragement et un appel à l’engagement dans la vie civile. En visitant le clergé, en bénissant les enfants et les aînés, le Pape est venu animer – dans le sens de « donner de la vie » – un petit diocèse comme le nôtre.
Quel message ces funérailles transmettent-elles ?
En voyant le nombre de chefs d’État présents, la quantité de jeunes, de fidèles, je me dis que le Pape a toujours une autorité d’unité. Son autorité ne sert pas à dominer, mais à faire la communion. C’est une mission unique ! Le monde redécouvre la dimension symbolique du pouvoir pontifical qui, à l’image du Bon Pasteur, rassemble.
Vous insistez sur la « sagesse de l’unité »…
Quand nous regardons l’Église, nous sommes tentés de mettre des étiquettes : « tradis », « charismatiques », « modernes », « conciliaires »… Qu’il y ait des sensibilités et des différences, c’est normal et c’est bien, mais il ne faut pas glisser dans la division. Donc le travail pour l’unité de l’Église est crucial pour le Pape : il faut un homme qui se place au-dessus de tous. Le Pape disait « Todos, todos, todos » : « tous, tous tous ». Effectivement, le principe d’unité met « tous » en valeur, jamais les uns contre les autres… Pour cela, la foi et la prière sont essentielles, car elles permettent d’éviter de tomber dans des logiques tactiques en nous montrant l’idéal et non l’idéologie. La foi nous unit ! N’oublions pas que nous croyons au même Dieu.
Vous avez également évoqué l’importance d’évangéliser les centres de l’Église, pas juste les périphéries…
François a eu raison de parler des périphéries. Mais n’oublions pas qu’il y a, dans nos villes européennes, dans notre Occident chrétien, une soif de Dieu. Regardez – et pas seulement en France – la quantité de jeunes qui demandent le baptême ! Nous devons écouter la soif de ces personnes-là, qui attendent de nous que nous soyons le sel de la terre ! Un sel qu’il faut savoir doser : donner à chacun ce qu’il peut recevoir et ce qu’il mérite.
Comment répondre à cette soif ?
En Occident et en France en particulier, à partir de 1968, on a dit « ni Dieu ni maître », reléguant Dieu à la périphérie. Aujourd’hui, on se demande : sommes-nous plus heureux ? La société va-t-elle mieux ? Non : la société est fracturée, il y a beaucoup de mal-être, de dépressions, de suicides… Ce sont les jeunes qui nous provoquent ! Pour les Cendres et Pâques, marquées par une affluence exceptionnelle et par tous ces baptêmes, nous n’avons pas lancé « d’opération séduction ». Et pourtant, les gens sont venus ! C’est donc à nous d’apporter la foi et l’espérance, sans arrogance, mais sans complexe non plus.
Au début du XXe siècle, on nous a parlé de monde désenchanté. À la fin du siècle, d’un monde sécularisé, ayant connu entre-temps la guerre. Et, au XXIe siècle, nous nous retrouvons avec des jeunes désorientés. Il y a là un défi missionnaire, car ils sont vierges d’un point de vue spirituel : ils n’ont pas connu la foi de nos ancêtres ! Pour cela, il faut proximité et disponibilité, c’est essentiel.
L’Église est-elle « armée » pour cela, compte tenu de la baisse des vocations ?
Nous devons réveiller l’Église. Je suis sûr qu’il y a beaucoup de jeunes qui veulent se donner et qui cherchent une vocation. Il y a certes peu de vocations, l’Église est pauvre, mais c’est le petit reste d’Israël ! Nous devons partir de ce petit reste pour apporter au peuple de Dieu l’espérance. Soyons fidèles, audacieux et courageux et apportons la Bonne Nouvelle à la société. La question de l’Église n’est pas quantitative, même s’il ne faut pas épuiser les prêtres…
Que vous inspire la volonté de François de reposer à Sainte-Marie-Majeure, non loin de la Salus populi romani, l’icône de la Vierge ?
Je vois en cette Vierge une Pietà qui accueille son fils. Certes, François n’a pas été torturé comme le Christ, mais il a tout donné jusqu’au dernier souffle, littéralement : le dimanche de Pâques, la veille de sa mort, il a béni son peuple et est passé au milieu de lui. Mais quand on l’entendait parler, il n’avait quasiment plus de souffle ! C’était magnifique d’un point de vue missionnaire et pontifical… Dans la création des cardinaux, on demande la fidélité jusqu’à la mort et, dans l’ordination épiscopale, on demande à l’évêque de se donner jusqu’à la mort. Il y a une dimension sacrificielle, martyrielle. Elle n’est pas sanglante ou tragique, mais exigeante, car elle nous demande de donner notre vie.
Deux enfants ont pris la fuite, à près d'un siècle de distance. Le premier, âgé entre 7 et 9 ans, s'est échappé du collège Notre-Dame-des-Minimes, en plein cœur de Lyon (Rhône), où il était pensionnaire au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il arrive hors d'haleine au domicile de ses parents. On le questionne sur son attitude mais l'enfant ne répond pas. La fièvre le cloue au lit pour trois mois, puis la vie reprend sans que personne ne revienne jamais sur cet étrange épisode.
Le second, âgé d'environ 13 ans, s'est enfui en pleine nuit du collège Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), parcourant 28 km à pied pour rejoindre Pau. Nous sommes au milieu des années 1990. L'enfant ne donne aucune explication à sa famille. Personne ne cherche à comprendre ce qui passe alors pour un acte d'indiscipline et se solde par une simple engueulade.
Un siècle d'écart et le même silence qui détruit des vies. Le premier fugueur s'appelait Henri Grouès, devenu l'Abbé Pierre (1912-2007), figure iconique de la charité, rattrapée après sa mort par son passé de prédateur sexuel. Comme le futur prêtre l'a confié par écrit des années plus tard, en 1932, dans une longue lettre à son supérieur capucin conservée dans les archives de la congrégation, il avait été agressé sexuellement par des élèves plus âgés, « de grands vicieux » qui ont sévi sur d'autres enfants dans le même collège lyonnais.
Le second n'a brisé le silence qu'en 2024, presque trente ans après les faits, parvenant enfin à confier à sa mère le viol dont il a été victime durant ses années à Bétharram. Drogue, alcool, épisodes dépressifs… Annie comprend mieux, à présent, les souffrances endurées par son fils de 41 ans qu'elle regrette de ne pas avoir questionné davantage sur le moment. Comme dans tant d'autres familles où le silence, au fil des décennies, a méticuleusement détruit les êtres et les destinées.
Toutes les victimes ne deviennent pas des prédateurs. On sait en revanche que beaucoup de prédateurs, à l'instar de l'Abbé Pierre, ont été des victimes que leur entourage et la société n'ont pas su – pas voulu – entendre.
Cela n'excuse rien des crimes commis. Mais ce que révèle la brèche désormais ouverte, dans l'Église comme dans l'enseignement catholique, vaut pour l'ensemble de la société: le silence tue. Les individus, les familles. Et empoisonne les institutions qui s'en rendent complices, comme le souligne un livre qui vient de paraître, dénonçant la longue omerta du Vatican au sujet de l'Abbé Pierre.
Briser le silence est le premier pas vers la réparation. Et à défaut de pouvoir réparer, le préalable d'un retour à la vie.
par Christine Pedotti
C’est peu dire que le pape François, homme des gestes forts, aimant les symboles, n’a pas raté sa sortie. Le jour de Pâques, négligeant les recommandations les plus fermes de ses soignants, il a voulu, encore, traverser cette foule qu’il a aimée et qui le lui a rendu. Épuisé, les bras lourds, le souffle quasiment perdu, il a encore béni les petits enfants qu’on lui présentait. Et, malgré cet immense épuisement qui nous serrait le cœur, il était heureux, à la place qu’il a toujours préférée, au milieu des gens.
À Rome, François a toujours été comme un migrant qui n’avait pas complètement posé sa valise, occupant une chambre et un bureau à la maison Sainte-Marthe, qui est prévue pour accueillir des hôtes de passage. Au Vatican, il s’est senti étranger, et a été perçu comme tel. Il a beaucoup irrité, en montrant son évident mépris des marbres, des ors et des fastes, dans un petit monde épris d’étiquette et de formalisme.
Bien sûr, on peut reprocher à François beaucoup de demi-mesures. Quelques pas en avant, avec par exemple la nomination de femmes à des postes clés du gouvernement de l’Église, quelques refus devant l’obstacle, comme celui de l’ordination d’hommes mariés à l’issue du synode d’Amazonie, et, sur la question des femmes, des propos qui semblaient d’un autre temps, laissant à celles-ci le monde du soin, de la maternité et aux hommes celui de diriger les choses – une division genrée appuyée sur l’idée de complémentarité, très éloignée de toute notion de parité.
Pour autant, il faut reconnaître à ce pontificat une très grande vertu, celle d’avoir mis les plus petits, les plus fragiles, les plus vulnérables à la première place. Inauguré sur l’île de Lampedusa – « Dieu demande à chacun d’entre nous : “Où est le sang de ton frère qui crie vers moi ?” » –, il s’achève avec une visite à la prison Regina Cœli ce dernier Jeudi saint.
Ce pape n’était pas sans défaut et il ne cachait guère son « mauvais » caractère. Nul ne crie pour lui « Santo subito ». Il a pourtant été au cours des douze dernières années un visage profondément évangélique.
En ce lundi pascal, Dieu l’accueille : « François, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître. »
Les Souverains pontifes ont honoré saint Joseph tout au long des siècles, jusqu’à faire de lui le patron de l’Église universelle, comme l’explique Mgr Dominique Le Tourneau, auteur de Tout savoir sur saint Joseph (Artège).
Depuis cinq siècles et demi, les papes n’ont eu de cesse d’honorer saint Joseph, au point que le bienheureux Pie IX le proclame « patron de l’Église universelle » en 1870, par le décret Quemadmodum Deus, alors que l’Église traverse une série d’épreuves. « Dans les temps si tristes que nous traversons, peut-on y lire, quand l’Église elle-même, poursuivie de tous côtés par ses ennemis, est accablée de si grandes calamités que les impies se persuadent déjà qu’il est enfin venu le temps où les portes de l’enfer prévaudront contre elle, les vénérables Pasteurs de l’Univers catholique, en leur nom et au nom des fidèles confiés à leur sollicitude, ont humblement prié le Souverain Pontife qu’il daignât déclarer saint Joseph Patron de l’Église universelle. » À la suite de Pie IX, les papes continueront à exalter le modèle de saint Joseph, notamment Léon XIII (1878-1903) et saint Jean-Paul II (1978-2005).
Dans l’encyclique Quamquam pluries, du 15 août 1889, Léon XIII expose toute la doctrine sur saint Joseph, depuis les fondements de sa dignité jusqu’à la raison singulière pour laquelle il mérite d’être proclamé patron de toute l’Église, modèle et avocat de toutes les familles chrétiennes. Il commence par rappeler que, dans toutes les périodes de grandes difficultés, l’Église implore Dieu et Marie, avec ferveur et persévérance.
Mais le Saint-Père avait surtout pour dessein d’inciter le peuple chrétien « à invoquer, avec une grande piété et une grande confiance, en même temps que la Vierge, Mère de Dieu, son très chaste Époux, le bienheureux Joseph ; ce que nous estimons de science certaine être, pour la Vierge elle-même, désiré et agréable ».
Cette dévotion, déjà répandue dans le peuple de Dieu grâce à l’action de nombreux pontifes romains, doit « s’enraciner davantage dans les mœurs et les institutions catholiques ». En voici les principales raisons : « Saint Joseph fut l’Époux de Marie et il fut le père de Jésus-Christ. De là ont découlé sa dignité, sa ferveur, sa sainteté et sa gloire… (…)
En donnant Joseph pour époux à la Vierge, Dieu lui donna non seulement un compagnon de sa vie, un témoin de sa virginité, un gardien de son honneur, mais encore, en vertu même du pacte conjugal, un participant de sa sublime dignité… » Ainsi, Joseph a été, de par la volonté divine, le gardien du Fils de Dieu, regardé par les hommes comme son père. « Le Verbe de Dieu lui était humblement soumis, Il lui obéissait et lui rendait tous les devoirs que les enfants sont obligés de rendre à leurs parents. » Il est donc naturel que celui qui fut gardien du Fils de Dieu soit aussi le saint patron de l’Église fondée par le Christ.
Quant à Jean-Paul II, il a prononcé de nombreux discours le 19 mars, fête de saint Joseph, dans lesquels, entre autres, il exalte la dignité du travail et sa valeur rédemptrice, explique que la sainteté de saint Joseph réside d’abord dans sa foi, héroïque, à toute épreuve, et établit un parallèle entre la paternité humaine et la paternité divine.
Le pape polonais publie également, le 15 août 1989, l’exhortation apostolique Redemptoris custos pour marquer le centenaire de la publication de Quamquam pluries. Joseph, y affirme-t-il, a pour vocation de veiller sur le Rédempteur et sur sa mère. Sa vertu principale est l’obéissance.
Pour Jean-Paul II, Joseph se comporte à la fois comme le dépositaire du mystère de Dieu, et comme le père de Jésus aux yeux des hommes. Dépositaire du mystère de Dieu avec Marie, Joseph participe à la phase culminante de la révélation que Dieu fait de lui-même dans le Christ… « C’est pour assurer une présence paternelle auprès de Jésus que Dieu choisit Joseph comme époux de Marie. »
La paternité de Joseph, qui fait de lui le protecteur de l’Église universelle, passe aussi, et d’abord, par le mariage avec Marie, c’est-à-dire, par la famille. Appelé par Dieu, saint Joseph, en exerçant sa paternité et son autorité légale sur la Sainte Famille, a coopéré « dans la plénitude du temps au grand mystère de la Rédemption… il a fait de sa vie un service, un sacrifice au mystère de l’Incarnation et à la mission rédemptrice qui lui était liée… ».
La protection que Joseph exerce à l’égard de l’Église prend aussi sa source dans l’amour sponsal et virginal qui le lie à la Sainte Vierge. Ces deux amours représentent ensemble « le mystère de l’Église, vierge et épouse, dont le mariage de Marie et de Joseph est le symbole… Joseph, sur l’ordre exprès de l’Ange, garde Marie chez lui et respecte son appartenance exclusive à Dieu ».
Le pape en arrive à la vie intérieure de saint Joseph. « Le climat de silence qui accompagne tout ce qui se réfère à la figure de Joseph s’étend aussi à son travail de charpentier. Toutefois, c’est un silence qui révèle d’une manière spéciale son profil intérieur. » Joseph vivait dans un climat de profonde contemplation. Joseph fit le sacrifice absolu de sa vie aux exigences de la venue du Messie dans sa maison. Et c’est dans son « insondable vie intérieure » qu’il a trouvé la force d’accepter « la condition, la responsabilité et le poids de la famille… Cette soumission à Dieu qui est promptitude de la volonté à se consacrer à tout ce qui concerne son service, n’est autre que l’exercice de la dévotion qui constitue une des expressions de la vertu de religion ».
Saint Joseph est le Patron de l’Église de notre temps. Ce patronage est toujours nécessaire à l’Église… Elle l’invoque pour « raviver les vertus évangéliques véritables, telles qu’elles ont resplendi en lui », et le prie pour qu’il nous fasse vivre dans la justice et la sainteté.
Tout a commencé par un désarmant « Buona sera! » (« Bonsoir! ») adressé à une place Saint-Pierre noire de monde. Les pieds gelés au milieu d'une foule déjà conquise, le regard fixé sur le balcon de la basilique, les doigts engourdis griffonnant sur un calepin des impressions à jamais gravées dans mes souvenirs, j'étais ce soir-là les yeux et les oreilles des lecteurs du Pèlerin. C'était le 13 mars 2013. L'Église entrait en un instant dans l'ère François, premier pape venu du Sud.
Tout s'est achevé sur un éclatant « Buona Pasqua! » (« Joyeuses Pâques! ») lancé urbi et orbi, avant d'entamer un dernier bain de foule. Cet ultime témoignage de foi, le pape l'a puisé au fond de ses entrailles. Le visage bouffi par les derniers mois de maladie, le corps usé d'avoir tant donné, mais avec l'énergie et la détermination du combattant joyeux de l'espérance qui allait rendre l'âme le lendemain à l'aube.
Entre ces deux séquences, douze ans d'un pontificat hors norme. Toutes et tous, quelles que soient nos histoires, nous avons été surpris, bousculés, déroutés par ce pape que le monde entier est venu remercier à Rome, samedi dernier, lors d'obsèques à l'image de son enseignement et de sa personnalité.
Son éternel sourire, sa simplicité rugueuse, sa fine compréhension des réalités de notre temps n'ont laissé personne indifférent, du plus humble au plus puissant. Sa capacité à envelopper chaque interlocuteur d'un regard disant tout l'Amour dont il était témoin – j'en ai fait l'expérience en lui remettant en main propre notre journal – a marqué toutes celles et ceux qui l'ont croisé. François était un ennemi des murs et un amoureux des ponts. Il martelait, partout et toujours, que « Dieu ne se lasse jamais de pardonner » et exhortait tout le monde à en faire autant. Il va nous manquer.
Je me laissais envahir par un brin de nostalgie dans l'avion qui m'emmenait à Rome, le jour de son décès, lorsque j'ai ouvert son autobiographie Espère (Éd. Albin Michel), parue en janvier. « Il existe une nostalgie positive qui n'est ni plainte ni résignation, mais plutôt un élan créateur, vital, lié à l'espérance: c'est la nostalgie du pèlerin, qui marche, regarde vers l'avant, affronte les difficultés, progresse tout en maintenant vivant un lien viscéral avec ses racines. » Et plus loin: « Nous, les chrétiens, devons vivre dans la conscience que nos jours meilleurs sont encore à venir. »
Merci, François, de nous avoir transmis cet élan en attendant l'élection de votre successeur. Et merci pour tout!
Avortement, euthanasie… Le pape n’a jamais mâché ses mots pour fustiger la « culture du déchet ».
Audience générale, mercredi 10 octobre 2018.
Une approche contradictoire permet également la suppression de la vie humaine dans le sein maternel au nom de la sauvegarde d’autres droits. Mais comment un acte qui supprime la vie innocente et sans défense à son éclosion peut-il être thérapeutique, civil, ou simplement humain ? Je vous demande : est-il juste de « supprimer » une vie humaine pour résoudre un problème ? Est-il juste de payer un tueur à gages pour résoudre un problème ? On ne peut pas, cela n’est pas juste de « supprimer » un être humain, même s’il est petit, pour résoudre un problème. C’est comme payer un tueur à gages pour résoudre un problème.
Discours improvisé à la délégation du Forum des Associations familiales, salle Clémentine, Vatican, 18 juin 2018.
Les enfants sont les dons les plus grands. On accueille les enfants comme ils viennent, comme Dieu les envoie, comme Dieu le permet – même si parfois ils sont malades. J’ai entendu dire que c’est la mode – ou du moins c’est une habitude – de faire certains examens pendant les premiers mois de la grossesse, afin de voir si le bébé va mal, ou s’il y a un problème… Dans ce cas la première proposition est : « On l’élimine ? » L’homicide des enfants. Et pour avoir une vie tranquille, on élimine un innocent. […] Vous êtes-vous demandé pourquoi on ne voit pas beaucoup de nains dans les rues ? Parce que le protocole de beaucoup de médecins – beaucoup mais pas tous – est de poser la question : « Est-ce qu’il se présente mal ? » Je le dis douloureusement. Au siècle dernier tout le monde était scandalisé par ce que faisaient les nazis pour entretenir la pureté de la race. Aujourd’hui nous faisons la même chose, mais avec des gants blancs.
Message du pape François aux participants du symposium international interconfessionnel sur les soins palliatifs, 21-23 mai 2024.
L’euthanasie […] n’est jamais une source d’espérance ni une authentique préoccupation pour les malades et les mourants. Il s’agit plutôt d’un échec de l’amour, reflet d’une « culture du rejet » dans laquelle « les personnes ne sont plus perçues comme une valeur fondamentale à respecter et à protéger » (Fratelli tutti, n. 18). En effet, l’euthanasie est souvent présentée à tort comme une forme de compassion. Pourtant, la « compassion », un mot qui signifie « souffrir avec », n’implique pas la fin intentionnelle d’une vie mais plutôt la volonté de partager les fardeaux de ceux qui sont confrontés aux dernières étapes de leur pèlerinage terrestre.
Catéchèse sur saint Joseph, patron de la bonne mort, audience générale, salle Paul-VI, mercredi 9 février 2022.
Nous devons être reconnaissants pour toute l’aide que la médecine s’efforce d’apporter, afin que, grâce aux « soins palliatifs », toute personne qui s’apprête à vivre la dernière partie de sa vie puisse le faire de la manière la plus humaine possible. Cependant, il faut se garder de confondre cette aide avec des dérives inacceptables qui portent à tuer. Nous devons accompagner les personnes jusqu’à la mort, mais ne pas la provoquer ni favoriser aucune forme de suicide. Je rappelle que le droit aux soins et aux traitements pour tous doit toujours être prioritaire, afin que les plus faibles, notamment les personnes âgées et les malades, ne soient jamais écartés. En effet, la vie est un droit, non la mort, celle-ci doit être accueillie, non administrée. E[…] Nous constatons souvent, dans une certaine classe sociale, que les personnes âgées, parce qu’elles n’ont pas les moyens, reçoivent moins de médicaments par rapport à ce dont elles auraient besoin, et c’est inhumain : cela, ce n’est pas les aider, [mais] les pousser plus rapidement vers la mort. Et cela n’est ni humain ni chrétien. Il faut prendre soin des personnes âgées comme d’un trésor de l’humanité : elles sont notre sagesse.
Session conclusive des rencontres méditerranéennes, discours du Saint-Père, Palais du Pharo, Marseille, samedi 23 septembre 2023.
En effet, le véritable mal social n’est pas tant l’augmentation des problèmes que le déclin de la prise en charge. Qui aujourd’hui est proche des jeunes livrés à eux-mêmes, proies faciles de la délinquance et de la prostitution ? Qui les prend en charge ? Qui est proche des personnes asservies par un travail qui devrait les rendre plus libres ? Qui s’occupe des familles effrayées, qui ont peur de l’avenir et de mettre au monde de nouvelles créatures ? Qui écoute les gémissements des personnes âgées isolées qui, au lieu d’être valorisées, sont parquées dans la perspective faussement digne d’une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ? Qui pense aux enfants à naître, rejetés au nom d’un faux droit au progrès, qui est au contraire une régression de l’individu ? Aujourd’hui, nous avons le drame de confondre les enfants avec les petits chiens. Mon secrétaire me disait qu’en passant par la place Saint-Pierre, il avait vu des femmes qui portaient des enfants dans des poussettes… mais ce n’étaient pas des enfants, c’étaient des petits chiens !
Depuis le décès du pape François, lundi 21 avril, l’administration du Vatican met en place un protocole méticuleux, et en partie codifié depuis des siècles. Avec lui, resurgit une flopée de termes techniques, comme « camerlingue » ou « papabile », que les non-initiés peuvent avoir bien du mal à saisir. Rassurez-vous, Le Pèlerin vous explique en détail ce vocabulaire mystérieux.
Il s'agit de l'assemblée des cardinaux, réunis pour élire un nouveau pape. Selon le protocole, elle a lieu environ quinze jours après le décès du souverain pontife et réunit un minimum théorique de 120 électeurs. Les cardinaux sont isolés de l'extérieur, pendant toute la durée du vote. Un dispositif qui remonte à l'année 1241, lorsque les cardinaux furent contraints de s'enfermer dans un palais en ruine pour s'accorder sur l'élection de Célestin IV. Le nom commun « conclave » vient ainsi de l'expression latine cum clave, qui signifie « avec une clé ».
Ce titre est essentiellement honorifique mais il prend tout son sens lorsque le Saint-Siège est vacant. Le camerlingue est chargé d'administrer les affaires courantes du gouvernement pontifical, avec des pouvoirs réduits, entre le décès du pape et l'élection de son successeur.
Actuellement, le cardinal qui détient cette fonction est Kevin Farrell, Irlandais d'origine et naturalisé américain. L'équivalent français de son nom est « chambellan », dérivé de l'italien camera, qui signifie « chambre ». Au Moyen Age, le titre conférait à son détenteur la responsabilité de gérer les biens temporels du Saint-Siège (finances, mobilier, édifices…).
Le terme désigne l'ensemble des cardinaux de l'Église catholique. Ils ont pour mission d'assister le pape dans le gouvernement de l’Église. Lorsque le Saint-Siège est vacant, le collège cardinalice peut soutenir le camerlingue dans la gestion des affaires courantes.
Certains d'entre eux préparent également les funérailles du souverain pontife. Précision importante : au sein de ce collège, seuls les moins de 80 ans peuvent voter pour élire le successeur du pape.
Ces rencontres s'organisent entre les cardinaux, dès l'annonce officielle du décès ou de la renonciation du pape. Elles permettent au collège cardinalice (voir définition plus haut) de se réunir pour mieux se connaître et faire un bilan de la situation de l'Église catholique, à l'approche du vote.
Ces événements, organisés quotidiennement, rassemblent à chaque fois plusieurs dizaines de cardinaux venus du monde entier, y compris ceux de plus de 80 ans, qui ne pourront pas participer au vote. Tout comme le conclave, ces réunions se tiennent à huis clos, et il est difficile d'en percer les secrets.
Il est celui qui annonce le nom du nouveau pape, au balcon de la basilique Saint-Pierre de Rome. Dans les prochaines semaines, le cardinal français Dominique Mamberti prononcera donc, devant les croyants, la très célèbre formule « Habemus papam », ce qui signifie « Nous avons un pape. » En 2013, un autre cardinal français, Jean-Louis Tauran, avait déjà eu cet honneur en annonçant l'élection du pape François.
Ces deux adjectifs italiens signifient respectivement « papables » et « favoris ». Ils qualifient les cardinaux ayant de grandes chances d'être élus à la tête du Saint-Siège. Le terme « papabili », plus familier, est fréquemment employé par les fins connaisseurs du Vatican. Durant chaque élection papale, ces experts dressent une liste de « papabili », pressentis pour leur expérience ou leur popularité au sein de l’Église. Mais l'élection inattendue de Karol Wojtyla (Jean-Paul II), en 1978, a montré que ces pronostics ne fonctionnaient pas toujours !
Le terme est technique et simple. Il désigne un « acte » officiel, comme un acte notarié. Dans le cas de la mort du pape, le rogito est le texte qui est lu avant la fermeture du cercueil et qui résume la vie et les œuvres principales du défunt.
Souvent rédigé en latin, en deux exemplaires, ce document est signé par les personnes présentes. Le premier exemplaire, roulé dans un tube de métal scellé, est ensuite déposé dans le cercueil et le second remis aux archives vaticanes. Ce rite devrait se dérouler le 25 ou 26 avril prochain.
Dimanche 4 mai 2025
3ème Dimanche de Pâques
Première lecture
« Nous sommes les témoins de tout cela avec l’Esprit Saint » (Ac 5, 27b-32.40b-41)
Lecture du livre des Actes des Apôtres
En ces jours-là, les Apôtres comparaissaient devant le Conseil suprême.
Le grand prêtre les interrogea : « Nous vous avions formellement interdit d’enseigner au nom de celui-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement.
Vous voulez donc faire retomber sur nous le sang de cet homme ! »
En réponse, Pierre et les Apôtres déclarèrent :
« Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.
Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice.
C’est lui que Dieu, par sa main droite, a élevé, en faisant de lui le Prince et le Sauveur, pour accorder à Israël la conversion et le pardon des péchés.
Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. »
Après avoir fait fouetter les Apôtres, ils leur interdirent de parler au nom de Jésus, puis ils les relâchèrent.
Quant à eux, quittant le Conseil suprême, ils repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes
de subir des humiliations pour le nom de Jésus.
– Parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 29 (30), 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13)
R/ Je t’exalte, Seigneur,
tu m’as relevé.
ou : Alléluia. (Ps 29, 2a)
Quand j’ai crié vers toi, Seigneur,
mon Dieu, tu m’as guéri ;
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.
Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté, toute la vie.
Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie !
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie !
Que mon cœur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi ;
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !
Deuxième lecture
« Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse » (Ap 5, 11-14)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Moi, Jean, j’ai vu : et j’entendis la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens ; ils étaient des myriades de myriades, par milliers de milliers.
Ils disaient d’une voix forte : « Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et louange. »
Toute créature dans le ciel et sur la terre, sous la terre et sur la mer, et tous les êtres qui s’y trouvent, je les entendis proclamer :
« À celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau, la louange et l’honneur, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. »
Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! » ; et les Anciens, se jetant devant le Trône, se prosternèrent.
– Parole du Seigneur.
Évangile
« Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson » (Jn 21, 1-14)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.
Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples.
Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. »
Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. »
Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.
Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? »
Ils lui répondirent : « Non. »
Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque,
et vous trouverez. »
Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.
Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! »
Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.
Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.
Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »
Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois.
Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Jésus leur dit alors : « Venez manger. »
Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? »
Ils savaient que c’était le Seigneur.
Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.
C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
– Acclamons la Parole de Dieu.
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