Foi & Spiritualité

25 juil * Témoignage de foi. Une parenthèse enchantée

Danielle, 79 ans, enseignante retraitée.

Une intervention chirurgicale m'a menée cette année dans un centre de rééducation fonctionnelle pour quarante-cinq jours. Un séjour mémorable. Je suis une personne de bonne humeur qui va au-devant des gens. Et soucieuse de mon apparence : cela fait partie de ma thérapie personnelle. Dès mon arrivée, j'ai demandé s'il y avait une chapelle, et m'y suis rendue le dimanche, assistée d'une bénévole qui poussait mon fauteuil roulant. Qui voulait faire une lecture ? Je me suis proposée, bien sûr. Et j'ai chanté d'une voix forte.

Un dimanche, le prêtre a donné la communion et confirmé une dame de 75 ans, elle aussi en fauteuil, sous les applaudissements de l'assemblée. Comment ne pas être émue en lisant un bonheur total dans les yeux de cette dame pourtant bien malade ? Hourra !

Le jeudi de l'Ascension, une jeune femme très frêle, le visage tendu, recroquevillée sur elle-même, se trouvait à côté de moi. Avant la célébration, nous avons échangé nos prénoms et je lui souriais chaque fois qu'elle me regardait. Le dimanche suivant, surprise : vêtue avec élégance, elle avait pris soin de maquiller ses beaux yeux verts et de relever sa chevelure en chignon. Quelle métamorphose ! Je la félicitai et elle m'avoua que je lui avais donné envie de progresser dans la guérison de sa maladie en soignant son aspect physique. Je lui conseillai de faire un pas de plus en proclamant la deuxième lecture de la messe. 

Devant mon insistance, elle finit par accepter. Ce fut un moment exceptionnel : une jeune et belle malade, debout à l'ambon, défiait sa grande timidité en lisant l'apôtre Paul ! À la sortie, elle me confia qu'elle assurerait désormais tous les dimanches les lectures que sa paroisse marseillaise voudrait bien lui confier. Hourra !

Ce même dimanche, un jeune homme se remettant d'une opération assistait aussi à l'office. Le lendemain, je le rencontrai sur la grande terrasse ensoleillée. J'appris que ce rugbyman avait été ravi d'entendre proclamer clairement la lecture. Et il se confia : « J'ai l'intention de demander le baptême, je veux donner un sens à ma vie. » Je le félicitais. Un monsieur s'approcha de nous, son père, et nos échanges s'achevèrent sur une embrassade. Encore une joie intense. Hourra !

J'ai beaucoup voyagé, mais ce temps passé avec d'autres malades, si divers, fut pour moi comme un tour du monde.

23 juil * Si c’est d’une pause dont nous avons besoin

Nous sommes toujours pressés et pourtant éternellement en retard. Nous voulons tout et tout de suite, mais nous ne semblons jamais satisfaits. L’un des maux de notre temps est, sans aucun doute, l’accélération spasmodique de notre agir quotidien (tout au moins dans les pays industrialisés). Il y a vingt ans déjà, le psychiatre Vittorino Andreoli observait que «la hâte est l’impératif de la société contemporaine». Et les choses ne se sont certainement pas améliorées depuis. En 2015, le philosophe français Jean-Paul Galibert créait le terme «chronophage» pour indiquer l’un des traits distinctifs de l’hypercapitalisme qui dévore littéralement notre temps.

Paradoxalement, nous disposons d’instruments technologiques toujours plus puissants qui raccourcissent de façon exponentielle les temps pour résoudre nos problèmes (pensons aux applications de l’intelligence artificielle), pourtant, nous avons la sensation de devoir toujours courir après, d’être inévitablement en retard par rapport au programme que nous nous étions fixé.

Ce n’est pas un hasard si l’une des phrases que nous prononçons le plus fréquemment au cours de nos journées est: «Je n’ai pas le temps». Mais ce temps, nous devons le trouver. Pour nous retrouver avant tout nous-mêmes. Autrement, nous vivrons uniquement des «vies pressées» — pour reprendre le titre d’un livre de Zygmunt Bauman — mais des vies inexorablement insatisfaites. Si l’aujourd’hui reste l’unique paramètre de jugement de notre vie, nous ne serons pas capables de savourer le goût des expériences vécues ni de saisir le sens du chemin qui se présente à nous.

L’un des penseurs qui a le plus enquêté sur les conséquences de cette liquéfaction du temps — et de sa dangereuse perte de signification — est précisément Zygmunt Bauman, qui a souvent été associé au cours de ces années aux réflexions de François sur le monde contemporain. Il est suggestif de relire aujourd’hui — après les paroles du Pape lors de l’ouverture du synode, où il a invoqué l’exigence pour l’Eglise de ralentir un instant, de faire «une pause» et de se mettre «à l’écoute» — ce que Zygmunt Bauman écrivait au début de son livre L’art de la vie. La réflexion du sociologue polonais partait d’une interrogation sur le bonheur. 

Une question, expliquait-il, pour «pousser à faire une pause et à penser. Une pause? Oui, mais une pause dans la recherche du bonheur qui (la plupart des lecteurs seront d’accord) est la chose qui occupe notre esprit la plupart du temps».

Faire une pause — et l’expérience du synode nous le dit également à présent — est véritablement ce dont nous avons besoin comme antidote à la tyrannie de l’éphémère, à la «culture de la hâte» — pour citer le chercheur Stephen Bertman — qui nous empêche d’observer le monde et même de nous regarder nous-mêmes. Une hâte axée sur elle-même, bien différente de la «hâte» de Marie qui, comme le Pape nous l’a indiqué tant de fois, est la «sollicitude du service» qui «nous pousse toujours vers le haut et vers l’autre». Faire une pause pour faire de la place, donc. De la place aux relations, aux liens affectifs. En un mot: de la place aux personnes. Nous nous souvenons tous de la question du Pape François adressée aux jeunes pères: «Est-ce que vous perdez du temps avec vos enfants? Est-ce que vous jouez avec eux? Ne leur dites pas: ne me dérange pas». Une question qui va au-delà du rapport pères-enfants et qui englobe toute relation humaine et, pour les croyants, également celle fondamentale avec Dieu. Perdre du temps pour être avec les autres est, en effet, le plus grand gain que le temps lui-même puisse nous offrir.

22 juil * À l’Assomption, le parfum de Marie

Lorsque la Vierge Marie rendit son dernier soupir, tous les apôtres étaient réunis… sauf saint Thomas ! L’apôtre, selon cette tradition rapportée par saint Jean Damascène, désolé de n’avoir pas revu la Sainte Vierge, obtint qu’on ouvrît son tombeau pour lui rendre un dernier hommage. Dans ce sépulcre scellé depuis plusieurs jours, il n’y avait plus que des parfums qui embaumaient, et le chant des anges qui chantaient la gloire de Marie !

Ce parfum de Reine, exhalé grâce à la nouvelle absence de l’apôtre Thomas, semble courir à travers toute l’histoire des hommes, comme une fragrance discrète, presque imperceptible. Et c’est aussi un parfum de Mère, de protectrice, en particulier pour la France, ce « royaume de Marie » !

C’est vrai dès les origines avec l’encouragement de Marie à saint Remi, l’évêque qui baptisa Clovis – ce qui décida du caractère catholique de la foi en France contre l’hérésie arienne pourtant majoritaire. Cela se vérifie ensuite à intervalles réguliers dans l’histoire de notre pays, jusqu’à Louis XIII qui reçut de Marie le meilleur moyen de protéger le royaume : en assurer la pérennité par un héritier.

Au XXe siècle encore, les apparitions de L’Île-Bouchard, les dernières en date à être reconnues, en 1947, ont mis fin, par la prière des enfants, à de graves tensions sociales et politiques, une quasi-guerre civile attisée par les communistes.

Aujourd’hui encore, cette sollicitude maternelle demeure plus que jamais nécessaire pour conserver l’espérance chrétienne, quand le marxisme culturel semble encore très présent dans les esprits de nos concitoyens ; les récentes élections l’ont amplement prouvé…

Mais recourir au secours de Marie implique en retour une exigence : faire grandir en nous la dévotion à cette sainte Mère, notamment par le chapelet. « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher », dit-elle à Pontmain en 1871. 

Seule la puissance de la prière mariale, comme la prônaient saint Jean Eudes et saint Grignion de Montfort, et son pouvoir d’intercession auprès de son Fils, pourra en effet susciter l’étincelle du véritable renouveau. 

Immense désir du Ciel

Cette réponse parfaite aux problèmes du temps a été soulignée par un chroniqueur religieux lors de la proclamation du dogme de l’Assomption, en 1950, selon lequel Marie a été élevée corps et âme à la gloire céleste : « À un moment où on réduit la destinée de l’homme à cette terre, n’est-il pas opportun d’ouvrir les perspectives sur le Ciel ? (…) n’est-il pas opportun d’insister sur l’enseignement des fins dernières ? » N’est-ce là, en effet, la seule vraie réponse à la problématique actuelle de la fin de vie… ?

C’est ce que confirmait le peintre espagnol Murillo, en travaillant à son beau tableau de l’Assomption – qui ressemble fortement à celui de notre couverture. Sans doute saisi par ce parfum marial, un surcroît d’amour grandit dans son cœur pour la Vierge Marie, et un immense désir du Ciel. Au point qu’il prit comme devise : Vive moriturus, « Vis comme quelqu’un qui doit mourir un jour ». Une sagesse à retrouver… Bon été !

24 juil * Que fête-t-on à l’Assomption ?

La fête de l’Assomption célèbre la mort, la résurrection, l’entrée au ciel et le couronnement de la bienheureuse Vierge Marie.

Une croyance, une fête, un dogme

Malgré la discrétion des Évangiles, les premiers chrétiens n’ont pas mis longtemps à réfléchir à la place de Marie dans leur foi. Ils ont rapidement voulu célébrer ses derniers moments, comme ils le faisaient pour honorer leurs saints. À cause du caractère unique de sa coopération, une croyance se répand : son « endormissement » – sa Dormition – consiste en réalité en son élévation, corps et âme, au ciel par Dieu.

La fête exprime cette croyance : chaque 15 août, les chrétiens célèbrent à la fois la mort, la résurrection, l’entrée au paradis et le couronnement de la Vierge Marie.

En 1950, le pape Pie XII estime utile de proposer une définition plus précise : « La Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort ». La définition fait partie des dogmes de l’Église.

L’Assomption de Marie dans le sillage de l’Ascension du Christ

On associe souvent l’Assomption de Marie avec l’Ascension du Christ ; de fait, les mots se ressemblent et il y a dans les deux cas une montée mystérieuse au ciel dans la gloire de Dieu.

Pourtant, « assomption » ne vient pas du verbe latin « ascendere » (monter, s’élever), qui a donné « Ascension », mais d’« assumere » (assumer, enlever). L’étymologie souligne l’initiative divine : Marie ne s’élève pas toute seule vers le ciel, c’est Dieu qui fait le choix de l’« assumer », corps et âme, en la réunissant à son Fils sans attendre la résurrection finale, tant elle a su s’unir, corps et âme, à Lui dès sa vie terrestre.

Dans le sillage de l’Ascension, Marie inaugure le destin ouvert aux hommes par la résurrection de son Fils et anticipe ce qui deviendra la condition des sauvés à la fin des temps.

La fête de l’Assomption entretient l’espérance

La liturgie de l’Assomption célèbre Marie comme la « transfigurée » : elle est auprès de Lui avec son corps glorieux et pas seulement avec son âme ; en elle, le Christ confirme sa propre victoire sur la mort.

Marie réalise ainsi le but pour lequel Dieu a créé et sauvé les hommes. En la fêtant, les croyants contemplent le gage de leur propre destin, s’ils font le choix de s’unir à leur tour au Christ.

Cette contemplation renforce enfin la confiance dans l’intercession de Marie : la voilà toute disponible pour « guider et soutenir l’espérance de ton peuple qui est encore en chemin » (préface). Ils aiment alors demander à Dieu : « Fais que, nous demeurions attentifs aux choses d’en-haut pour obtenir de partager sa gloire » (collecte).

25 juil * Comment saint Christophe est devenu le patron des voyageurs

Le patron des voyageurs est l’un des saints les plus populaires de la chrétienté, mais a-t-il vraiment existé ? On peut dire qu’il fait partie de ces nombreux témoins authentiques dont nous ne savons rien, mais dont la légende dit beaucoup. Il figure au martyrologe romain le 25 juillet.

Il appartient au groupe très huppé des quatorze saints auxiliaires, puissants intercesseurs auxquels nos ancêtres du Moyen Âge recouraient avec confiance ; il partage avec l’archange Raphaël le patronage des voyageurs, tous moyens de transports confondus ; sa médaille brille, parfois telle un grigri, au tableau de bord de maintes voitures, même si leurs propriétaires ne savent pas trop qui il est, sinon qu’il protège les automobilistes. Cela pour dire que Christophe a été, et demeure, l’un des saints les plus populaires de la chrétienté. Et pourtant, la réforme du calendrier liturgique l’avait, dans les années soixante, expulsé du martyrologe comme douteux, voire apocryphe

Un géant embarrassant

Il est vrai que nous ne savons pratiquement rien de lui et que la version de sa vie proposée par Jacques de Voragine dans la Légende dorée, est un joli roman. Faut-il, pour autant, réduire à l’état de mythe cette figure hautement populaire, trop peut-être aux yeux de certains intellectuels ? Christophe, du grec Christophoros, "celui qui porte le Christ", est manifestement un prénom de baptême indiquant clairement la rupture avec celui que l’on était avant la vie de la grâce. Rien là que d’ordinaire. Il est probable que la légende s’est à l’origine élaborée autour de ce prénom. Le converti qui l’a choisi est peut-être originaire de la vallée du Jourdain et peut-être a-t-il véritablement exercé le métier de passeur qui, sur ces cours d’eau orientaux souvent bas, peut se faire à pied, non en barque. Il faut cependant pour l’exercer et pouvoir charger sur ses épaules les bagages des voyageurs, voire le voyageur lui-même, être un rude athlète.  

La Tradition qui fait de Christophe un "géant", ce qui embarrassera les églises germaniques où les géants, dans le peuple, demeurent des divinités païennes honorées, pourrait donc être exacte. Elle le décrit aussi comme un homme simple, à l’intelligence limitée et au vocabulaire rare vivant à l’écart de la communauté. La mémoire, dans ces pays et ces époques de transmission orale, s’avérant souvent d’une exactitude troublante, pourquoi ne pas la croire quand elle le nomme Reprobus, le Réprouvé, celui que les siens rejettent ? Et pourquoi ne pas la suivre encore quand elle affirme qu’un solitaire de passage dans la région, cela doit se passer vers 250, quand certains chrétiens persécutés commencent à se réfugier au désert, parle du Christ à celui que l’on tient pour un demeuré ? Touché par cette parole et cette attention qui refait de lui un humain, Reprobus, le voyageur parti, se met en quête d’une communauté chrétienne pour l’instruire et le baptiser. Il en trouve une à Antioche où l’évêque Babylas, personnage parfaitement identifié, mort en prison en 251 pendant la persécution de Dèce, lui confère le baptême et ce prénom de Christophe. Sans que l’on sache pourquoi, le nouveau chrétien part alors vers Samos de Lycie, ville où il est arrêté et martyrisé.

La légende est belle

Voilà, en fait, les seuls points vraisemblables de l’affaire et l’on peut résumer l’histoire en disant que Christophe est l’un de ces nombreux témoins authentiques dont nous ne savons rien. Sur ce rien se construit, à partir du VIe siècle, une légende qui ira s’embellissant et lui octroiera une célébrité mondiale. Reprobus serait en réalité un jeune homme ambitieux désireux de devenir soldat du plus grand roi du monde. 

Il entre ainsi dans l’armée d’un prince qu’il abandonne en découvrant que celui-ci craint le démon. Le garçon en conclut que le diable est plus grand prince et se voue à lui, avant de s’apercevoir qu’une croix tracée par l’un de ces hommes nommés chrétiens met en déroute le prince de ce monde. Il lui faut donc aller à Celui que les chrétiens révèrent. 

Dénoncé, condamné à une série de supplices horribles, Christophe est finalement décapité.

Pour pénitence, Babylas l’envoie, avant son baptême, exercer gratuitement le métier de passeur en attendant un signe du Ciel. Ce signe vient une nuit d’orage quand un tout petit enfant lui demande à passer le fleuve. Reprobus soulève l’enfançon et s’engage dans le gué mais s’aperçoit, effaré, qu’il ne peut avancer car son minuscule passager pèse terriblement lourd, et pour cause puisque tout le poids du monde et de ses péchés repose sur Lui. C’est l’Enfant Jésus qu’il porte, d’où ce nom de Christophe qui lui est octroyé. Dénoncé, condamné à une série de supplices horribles, Christophe est finalement décapité, non sans avoir prédit à son bourreau, éborgné par la flèche qu’il lui avait décochée, qu’il recouvrera la vue en baignant son œil crevé dans le sang du martyr, ce qui a lieu. 

Un homme à tête de chien

L’on peut voir à Paris, en l’église Saint-Christophe de Javel, une série de fresque racontant la légende dans le détail et qui me fascinait lorsque, enfant, j’en étais paroissienne. Plus troublant, l’on trouve fréquemment Christophe représenté en Orient sous les traits d’un cynocéphale, un homme à tête de chien, iconographie renvoyant à celle du dieu égyptien Anubis, divinité à tête de chacal qui conduit les morts vers l’au-delà. Or, le passeur de fleuve symbolise dans toutes les civilisations le psychopompe, celui qui conduit les âmes des défunts vers la vie éternelle. Parce que cette identification pouvait aider à maintenir un culte idolâtre, l’Église orientale a choisi une autre explication : Christophe n’aurait pas une tête de chien mais d’âne, l’animal innocent que le Christ chevauche au jour des Rameaux ; ce qui fait de lui déjà un Christophore. L’explication est ingénieuse et jolie ; hélas, elle perd de vue que, dans les mentalités latines, l’âne est un animal obscène, et que figurer le Christ avec une tête d’âne, est pour les chrétiens un affreux blasphème.

Mais laissons de côté ces discussions érudites, pour passionnantes qu’elles soient, et revenons à l’essentiel : Christophe s’est voué de son vivant à aider les voyageurs et les guider hors du péril. Cela suffit à expliquer qu’ils l’aient élu pour protecteur. Notons encore que l’arme du Train s’est placée sous son patronage, elle qui a pour mission d’acheminer vivres, armement et soldats.

22 juil * Le nom de Dieu se prononce-t-il ?

Dans la tradition biblique, le Nom de Dieu ne se prononce pas, pour rappeler que le Créateur est aussi invisible qu’indicible. Une pratique qui demeure dans l’Église, même si de nombreuses traductions vocalisent le tétragramme YHWH en "Yahvé".

Celui qui ouvre une Bible aura la surprise d’y rencontrer fort régulièrement le mot "Yahvé". Un mot hébreu équivalent du latin deus ou "Dieu" ? Pas vraiment. Les traducteurs catholiques ont le plus souvent fait le choix de cette expression pour rendre compte des lettres hébraïques YHWH qui ne peuvent pas se prononcer. Ce tétragramme est en réalité le nom même du Créateur pour les auteurs bibliques, et non pas le mot désignant la réalité divine comme l’est le "Dieu" français qui s’utilise aussi de manière générique avec un "d" minuscule. 

Une des singularités de la Révélation – le Créateur se fait connaître aux hommes pour leur manifester son dessein bienveillant – est que Dieu donne au peuple qu’il a choisi son Nom. Il n’est pas, en effet, un être lointain et supérieur, mais il souhaite s’allier avec ses créatures par amour, le même qui a présidé à la création. 

La tradition juive

Dans la tradition juive, si le Créateur a donné son nom, ce n’est pas pour le "prononcer en vain" comme le stipule la Loi, ce qui risquerait de faire croire aux hommes qu’ils peuvent mettre la main sur Dieu. Au contraire, la liturgie hébraïque n’autorise qu’une seule personne en un seul jour à prononcer ce mot : le Grand-Prêtre, le jour de Kippour (Grand Pardon). Ce jour-là, celui-ci pénètre dans le Saint des saints et invoque YHWH, le nom qui sauve le peuple tout entier de ses fautes.

L’hébreu étant une langue consonantique, le nom de Dieu est un tétragramme sans voyelle et donc imprononçable. Seule la tradition orale sacerdotale permettait aux grands-prêtres successifs de le dire convenablement. La succession d’Aaron étant éteinte, personne ne sait aujourd’hui vocaliser YHWH, et la transcription "Yahvé" est une hypothèse. Laquelle est incertaine philologiquement. Pour rester fidèle à la tradition hébraïque, et par le même souci de ne pas sembler posséder Dieu, Jean Paul II lui-même, en 2001, a demandé à tous les catholiques de ne pas retranscrire le Tétragramme mais de le remplacer par le latin Dominus ou ses équivalents vernaculaires, "Seigneur" en français. Si la consigne est liturgique, s’y conformer en toute chose est un moyen de se rappeler que le Créateur dépasse infiniment l’esprit humain, même s’il a voulu s’en faire connaître.

PREMIÈRE LECTURE

« On mangera, et il en restera » (2 R 4, 42-44) * Lecture du deuxième livre des Rois

En ces jours-là, un homme vint de Baal-Shalisha et, prenant sur la récolte nouvelle, il apporta à Élisée, l’homme de Dieu, vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac.

Élisée dit alors : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. »

Son serviteur répondit : « Comment donner cela à cent personnes ? »

Élisée reprit : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur :  ‘On mangera, et il en restera.’ »

Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta, selon la parole du Seigneur.

– Parole du Seigneur.

Dimanche 28 juillet 2024 

17ème dimanche du temps ordinaire

PSAUME

(Ps 144 (145), 10-11, 15-16, 17-18) * R/ Tu ouvres la main, Seigneur : nous voici rassasiés. (Ps 144, 16)

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

DEUXIÈME LECTURE

« Un seul Corps, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4, 1-6) * Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix.

Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. 

Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous.

– Parole du Seigneur.

ÉVANGILE

« Ils distribua les pains aux convives, autant qu’ils en voulaient » (Jn 6, 1-15) * Alléluia. Alléluia. Un grand prophète s’est levé parmi nous : et Dieu a visité son peuple. Alléluia. (Lc 7, 16) * Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade.

Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades.

Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples.
Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.     Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui.
Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? »
Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.
Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. »
Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
Jésus dit : « Faites asseoir les gens. »
Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.
Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient.
Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture. 

A la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »
Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.

– Acclamons la Parole de Dieu.

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