Foi & Spiritualité
29 mars * Ouverture de l’Assemblée plénière de printemps 2023, le mardi 28 mars 2023
Discours de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, Président de la Ensemble des évêques de France. Conférence des évêques de France, en ouverture de l’Assemblée plénière de printemps 2023, le mardi 28 mars 2023.
Chers Frères évêques, Mesdames et Messieurs, chers Frères et Sœurs, chers amis,
Nous ouvrons ce 28 mars notre assemblée de printemps. Nous sommes rassemblés dans la semaine de la Passion et achèverons nos travaux vendredi, à temps pour rentrer dans nos diocèses et nos paroisses et communautés afin de célébrer la Semaine Sainte.
Cliquez ici pour lire le texte intégral du discours de Mgr Éric de Moulins-Beaufort
29 mars * Fin de vie, rigueur budgétaire et lutte contre les abus au menu de la plénière de la CEF
En France, l’Assemblée plénière de printemps des évêques se tient à Lourdes du 28 au 31 mars. Au menu de ces quatre jours de réflexion: discussions avec les groupes de travail dédiés à la lutte contre les violences sexuelles dans l’Eglise, réforme des structures de la Conférence des évêques de France, et le retour à l’équilibre budgétaire. Par ailleurs, le débat sur la fin de vie dans l’Hexagone s’est invité dans les discussions.
C’est à Lourdes au cœur des Pyrénées que les évêques et cardinaux de France sont réunis pour quatre jours. Dans son discours d’ouverture, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France (CEF), a tracé les lignes directrices de cette Assemblée plénière de printemps.
Propositions des groupes de travail contre les abus
Dès le premier jour, une première séquence (sur trois au total), aura lieu avec les groupes de travail dédiés à la lutte contre les violences sexuelles dans l’Église. Comme l’indique la CEF sur son site internet, les neuf groupes mis en place en février 2022, soit 75 personnes, ont synthétisé leur réflexion, ainsi que des propositions et recommandations pour éviter de futures violences sexuelles. «Ils ont travaillé avec ardeur, sans compter leurs heures. Ils et elles sont presque tous là en ce jour pour achever avec nous cette phase de notre travail.», a salué le président de la CEF dans son discours prononcé le mardi 28 mars.
Les propositions faites par ces groupes de travail ne doivent pas impressionner par leur nombre, a averti Mgr de Moulins-Beaufort, «nous avons là un trésor à assimiler dans les mois et les années qui viennent». Selon le rapport de la Ciase (la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise) publié en octobre 2021, 330 000 mineurs ont été victimes d’abus sexuels dans des contextes ecclésiaux dont 216 000 victimes d’abus commis par une personne consacrée (prêtre, religieux, diacre ou religieuse), en France depuis 1950.
Réformer les structures
Autre «grand travail» de cette Assemblée plénière, la réforme des structures. Une réforme nécessaire selon l’archevêque de Reims, «Le constat qu’après une quinzaine d’année, notre organisation actuelle, quoi qu’il en soit des grands services qu’elle a rendus et qu’elle rend, et qu’y ont rendu et y rendent tant de personnes compétentes et engagées, connaît aussi des limites, manque parfois de souplesse, montre des points d’usure…».
Par ailleurs, cette réforme des structures répond à un besoin urgent d’équilibre budgétaire, «notre situation s’est fragilisée et, malgré la fin des confinements, pour des raisons internes à la vie ecclésiale et pour des raisons d’économie générale, se fragilisera encore dans les années à venir», a averti Mgr Eric de Moulins-Beaufort.
Un équilibre budgétaire également essentiel pour assurer la continuité des engagements à l’égard des victimes de violences et agressions sexuelles, ou d’abus de pouvoir au sein de l’Eglise de France.
Cette réforme sera discutée lors de la deuxième journée de l’Assemblée plénière, le mercredi 29 mars.
Délégués au synode
Enfin, lors de cette Assemblée plénière, les évêques et cardinaux éliront les délégués au synode sur la synodalité, quatre membres de la CEF et deux suppléants. Ces noms seront ensuite présentés au Pape François qui les nommera, ou non.
La fin de vie
En France, la Convention citoyenne sur la fin de vie achèvera ses travaux dimanche 2 avril, les 184 citoyens tirés au sort feront alors part de leurs conclusions sur l’aide active à mourir, quelles formes peut-elle prendre et quels seraient les critères combinatoires. Une synthèse qui sera ensuite remise au président de la République.
Un thème qui s’est invité à la plénière des évêques, à six jours de cette échéance, le Conseil permanent de la CEF, profitant d’être réuni à Lourdes, a partagé un communiqué intitulé «L’aide active à vivre, un engagement de fraternité», rappellant la position de l’Eglise de France sur la fin de vie: «Nous entendons la révolte, la colère, le sentiment d’injustice qui retentissent face à la souffrance et à la mort comme des appels à une plus grande fraternité et comme la recherche d’une espérance dont nous désirons témoigner, mais en aucun cas comme une légitimation de l’euthanasie ou du suicide assisté.»
Ainsi, les évêques français espère que le débat actuel sur la fin de vie sera l’occasion d’un «progrès significatif de l’accompagnement et de la prise en charge notamment de la dépendance due au grand âge dans notre pays.».
«Nous aimons et nous croyons à la liberté. Mais nous affirmons qu’elle ne peut se déployer que si la valeur de la vie de chacun est pleinement reconnue et respectée.», notent-ils également.
30 mars * Pourquoi le Christ est-il « descendu aux enfers » ?
Saint Pierre l’explique dans sa première épître : Jésus-Christ est allé annoncer aux morts l’Évangile afin qu’eux aussi « vivent selon Dieu ».
Dans le Symbole des Apôtres, confession de foi chrétienne antérieure au symbole de Nicée – Tertullien le cite quasiment en entier vers 200 –, il est dit qu’après sa mort, et avant sa résurrection, Jésus « descendit aux enfers ». Pour quoi faire ? La réponse est très simple : pour mener à bien jusqu’au bout son opération de sauvetage de l’humanité.
On se rappelle que certains pharisiens avaient reproché à Jésus de guérir des malades le jour du shabbat (Mc 3, 1-6). Jésus avait répondu, conformément du reste à l’opinion la mieux établie chez les rabbis de l’époque, qu’il était parfaitement permis, selon l’esprit de la Loi, de rompre le repos du shabbat pour sauver un homme ou une bête tombés au fond d’un puits. À plus forte raison, le jour du dernier Shabbat – le jour du Samedi saint –, alors que les disciples étaient frappés de stupeur et que planait sur eux l’aile noire du néant, Jésus-Christ est descendu hardiment dans le cul-de-basse-fosse de la mort, pour aller chercher les âmes des Justes. « Car, dit saint Pierre, il est allé prêcher aux esprits en prison. […] L’Évangile a été aussi annoncé aux morts, afin qu’ils vivent selon Dieu » (1 P 3, 18-19 et 4, 6).
Pour bien comprendre la signification de cette descente, il convient de préciser le sens du mot « enfers » et d’examiner les motifs de cette expédition. Les « enfers », ici, ne doivent pas être confondus avec l’Enfer, puisqu’ils désignent simplement le monde des morts en général, que les Juifs nommaient le « schéol ». Il ne s’agit donc pas de l’Enfer au sens eschatologique, c’est-à-dire du lieu des damnés.
Ces derniers – s’il y en a – Jésus-Christ n’est pas allé les voir, pour la simple et bonne raison qu’ils se sont rendus, par eux-mêmes, inaccessibles au pardon.
L’Enfer est un état de l’âme
De surcroît, nous devons nous défier de toute représentation matérialisante de ces réalités spirituelles : l’Enfer, surtout quand il s’agit des âmes séparées de leur corps, n’est pas et ne peut pas être un lieu. C’est un état de l’âme, l’état des âmes recroquevillées volontairement sur elles-mêmes et refusant l’amour de toutes leurs forces. Jésus ne saurait s’y frayer un passage, non qu’il ne veuille le faire, mais parce qu’il est logiquement impossible – même à Dieu – de contraindre une liberté à vouloir le contraire de ce qu’elle veut.
Pour se représenter correctement la descente du Christ aux enfers, il faut donc y voir la libération intérieure, par un grand souffle de grâce, de toutes les âmes repentantes qui aspiraient à la lumière – et dont les Patriarches sont les figures symboliques.
Dimanche 2 avril 2023
Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur
PREMIÈRE LECTURE
« Je n’ai pas caché ma face devant les outrages, je sais que je ne serai pas confondu » (Is 50, 4-7) * Lecture du livre du prophète Isaïe
Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé.
Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute.
Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille,
et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.
Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.
Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.
– Parole du Seigneur.
PSAUME
(Ps 21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a) * R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Ps 21, 2a)
Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête : « Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les mains et les pieds ; je peux compter tous mes os.
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur.
DEUXIÈME LECTURE
« Il s’est abaissé : c’est pourquoi Dieu l’a exalté » (Ph 2, 6-11) * Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.
Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse
au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.
– Parole du Seigneur.
ÉVANGILE
Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 27, 11-54) * La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Matthieu
X. = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.
L. On fit comparaître Jésus devant Pilate, le gouverneur, qui l’interrogea :
A. « Es-tu le roi des Juifs ? »
L. Jésus déclara :
X. « C’est toi-même qui le dis. »
L. Mais, tandis que les grands prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit :
A. « Tu n’entends pas tous les témoignages portés contre toi ? »
L. Mais Jésus ne lui répondit plus un mot, si bien que le gouverneur fut très étonné. Or, à chaque fête, celui-ci avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que la foule demandait. Il y avait alors un prisonnier bien connu, nommé Barabbas. Les foules s’étant donc rassemblées, Pilate leur dit :
A. « Qui voulez-vous que je vous relâche :
Barabbas ? ou Jésus, appelé le Christ ? »
L. Il savait en effet que c’était par jalousie qu’on avait livré Jésus. Tandis qu’il siégeait au tribunal, sa femme lui fit dire :
A. « Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste,
car aujourd’hui j’ai beaucoup souffert en songe à cause de lui. »
L. Les grands prêtres et les anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas et à faire périr Jésus. Le gouverneur reprit :
A. « Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? »
L. Ils répondirent :
F. « Barabbas ! »
L. Pilate leur dit :
A. « Que ferai-je donc de Jésus appelé le Christ ? »
L. Ils répondirent tous :
F. « Qu’il soit crucifié ! »
L. Pilate demanda :
A. « Quel mal a-t-il donc fait ? »
L. Ils criaient encore plus fort :
F. « Qu’il soit crucifié ! »
L. Pilate, voyant que ses efforts ne servaient à rien, sinon à augmenter le tumulte, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule, en disant :
A. « Je suis innocent du sang de cet homme : cela vous regarde ! »
L. Tout le peuple répondit :
F. « Son sang, qu’il soit sur nous et sur nos enfants ! »
L. Alors, il leur relâcha Barabbas ; quant à Jésus, il le fit flageller, et il le livra pour qu’il soit crucifié. Alors les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans la salle du Prétoire et rassemblèrent autour de lui toute la garde. Ils lui enlevèrent ses vêtements et le couvrirent d’un manteau rouge. Puis, avec des épines, ils tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête ; ils lui mirent un roseau dans la main droite et, pour se moquer de lui, ils s’agenouillaient devant lui en disant :
F. « Salut, roi des Juifs ! »
L. Et, après avoir craché sur lui, ils prirent le roseau, et ils le frappaient à la tête. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l’emmenèrent pour le crucifier.
En sortant, ils trouvèrent un nommé Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus. Arrivés en un lieu dit Golgotha, c’est-à-dire : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire), ils donnèrent à boire à Jésus du vin mêlé de fiel ; il en goûta, mais ne voulut pas boire. Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort ; et ils restaient là, assis, à le garder.
Au-dessus de sa tête ils placèrent une inscription indiquant le motif de sa condamnation : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. »
Alors on crucifia avec lui deux bandits, l’un à droite et l’autre à gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête ; ils disaient :
F. « Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! »
L. De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes et les anciens, en disant :
A. « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! Il a mis sa confiance en Dieu. Que Dieu le délivre maintenant,
s’il l’aime ! Car il a dit : ‘Je suis Fils de Dieu.’ »
L. Les bandits crucifiés avec lui l’insultaient de la même manière. À partir de la sixième heure (c’est-à-dire : midi),
l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte :
X. « Éli, Éli, lema sabactani ? »,
L. ce qui veut dire :
X. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
L. L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient :
F. « Le voilà qui appelle le prophète Élie ! »
L. Aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il trempa dans une boisson vinaigrée ; il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire. Les autres disaient :
F. « Attends ! Nous verrons bien si Élie vient le sauver. »
L. Mais Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit. (Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant). Et voici que le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas ; la terre trembla et les rochers se fendirent. Les tombeaux s’ouvrirent ; les corps de nombreux saints qui étaient morts ressuscitèrent, et, sortant des tombeaux après la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la Ville sainte, et se montrèrent à un grand nombre de gens. À la vue du tremblement de terre et de ces événements, le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent saisis d’une grande crainte et dirent :
A. « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »
– Acclamons la Parole de Dieu.
« Si la technique sait manipuler le vivant, elle ne sait pas d'où vient la vie qui nous anime, ni où elle va. »
27 mars * Bioéthique et fin de vie « Tu m'as tissé dans le sein de ma mère »
Nous savons désormais « fabriquer » des embryons en laboratoire, les modifier, puis les implanter dans le corps d'une femme. Parmi ces embryons, très peu survivront. Les autres mourront ou seront conservés à basse température, dans un temps suspendu, sans possibilité de se développer. Seuls pourront vivre ceux qui auront été implantés et auront pu se développer et grandir dans le corps de la femme.
L'enfant porté par la femme peut être génétiquement le sien ou celui d'une autre femme. Il peut être génétiquement celui d'un homme avec qui elle partage sa vie ou d'un autre homme, qu'elle ne connaît pas. C'est finalement la décision d'un ou des adultes - le « projet parental » - qui permet à l'enfant de voir le jour. En dehors de ce projet, l'embryon n'est pas considéré comme humain. Pourtant, si l'on n'est pas homme dès le début de la vie, quand le devient-on? Personne n'est en mesure de le dire. La décision, arbitraire, dépend alors des critères que l'on se donne. Notre société a confié à la loi d'en décider.
« Tu m'as tissé dans le sein de ma mère... »: Au regard des techniques nouvelles de procréation et de manipulation du vivant, ce verset 13 du psaume 138 n'est-il pas d'une naïveté insoutenable ? Derrière l'apparente simplicité de cette phrase, se cache une profonde sagesse: si la technique sait manipuler le vivant, elle ne sait pas davantage qui nous sommes, d'où vient la vie qui nous anime, ni où elle va.
En amont de l'éthique, chrétiens, juifs et musulmans reconnaissent un Dieu transcendant, à la source de la vie qui nous anime.Pour nous, chrétiens, reconnaître que Dieu nous a tissés dans le sein de notre mère, c'est inscrire notre vie dans un horizon plus large que celui du « biologiquement possible ». C'est admettre que notre vie reste un mystère, un don reçu, toujours plus grand que ce que nous croyons en saisir.
Entre les possibilités techniques, le désir des adultes et les choix politiques, la place d'une éthique de la vie se réduira-t-elle à celle d'un curseur, qui gère des rapports de force ou tempère les demandes de tel ou tel lobby?
Pour le début de la vie, Jean-Pierre Denis, directeur du magazine La Vie, remarquait, en 2019, qu'« à bien des égards, la révision actuelle de la loi marque la désillusion de la bioéthique et le basculement dans une philosophie libérale et utilitariste, qui ne voit plus trop au nom de quoi poser des limites à ce qui est techniquement possible, financièrement rentable et socialement accepté ».
Pour la fin de vie, le débat est en cours, avec des enjeux également importants. À la suite du travail de la conférence des évêques, en novembre dernier, dans ce numéro d’Eglise en Rouergue et dans un suivant, des éléments nous sont donnés qui vont nous permettre d'avancer personnellement dans la réflexion et de nous mettre en route en Église diocésaine. Merci à l'équipe qui porte cette question et nous aide à y réfléchir dans la foi.
29 mars * Qu’est-ce que le Dimanche des rameaux ?
Six jours avant la fête de la Pâque juive, Jésus vient à Jérusalem. La foule l’acclame lors de son entrée dans la ville. Elle a tapissé le sol de manteaux et de rameaux verts, formant comme un chemin royal en son honneur.
C’est en mémoire de ce jour que les catholiques portent des rameaux (de buis, d’olivier, de laurier ou de palmier, selon les régions. Ces rameaux, une fois bénis, sont tenus en main par les fidèles qui se mettent en marche, en procession : marche vers Pâques du peuple de Dieu à la suite du Christ.
La foule nombreuse venue pour la fête apprit que Jésus venait à Jérusalem ; ils prirent les rameaux des palmiers et sortirent à sa rencontre et ils criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Ces paroles sont chantées comme antienne d’ouverture au lieu où les fidèles se sont réunis : après une brève allocution, le célébrant bénit les rameaux et l’on lit le récit évangélique de l’entrée messianique de Jésus avant de se rendre en procession jusqu’à l’église.
La tradition chrétienne veut que l’on emporte, après la messe, les rameaux bénis, pour en orner les croix dans les maisons : geste de vénération et de confiance envers le Crucifié.
Des suggestions de lecture en ce temps de Carême..
30 mars * Éric-Emmanuel Schmitt : « Les pierres sont plus sages que les hommes »
À la demande du Vatican, l’auteur s’est rendu en Terre sainte sur les pas de Jésus. Dans Le défi de Jérusalem, il partage ses réflexions de pèlerin. Le pape a lu son récit et lui a écrit une lettre dont nous publions des extraits.
Quand le Vatican vous propose d’être pèlerin parmi les pèlerins en Terre sainte que ressentez-vous ? Après l'effet de surprise, cette proposition m'apparaît comme une évidence. Je suis plongé dans l'écriture de Soleil sombre* et la sortie des Hébreux d'Égypte. Cette Terre promise tant espérée par eux, le Saint-Siège m'invite à la fouler à mon tour. Ma vie et mon œuvre littéraire s'alignent. Je me sens réconforté par cet appel: aller marcher là-bas, où tout a commencé .
Pourquoi partir quand on a déjà étudié, écrit sur le sujet ? Je me suis demandé si j'allais progresser spirituellement en me déplaçant. Ou au contraire perdre mes repères, me disperser? L'esprit avance aussi par les pieds. J'ai décidé de partir pour donner corps à ma foi.
Ignorez-vous vraiment ce qui vous attend là-bas ? Ma grande peur est qu'il ne se passe rien. Et en même temps, une tension irrésistible m'habite ; je me sens disponible, prêt à la rencontre.
Sur place, le « complexe de la famille Poisson rouge » des Schmitt ne vous quitte pas. Ce sentiment d'imposture dans une église vient de l'enfance. Mes parents étaient athées. Quand nous participions à un office, nous ne connaissions pas la liturgie, et durant les chants et les prières, nous ouvrions la bouche sans émettre aucun son. Je nous avais surnommés la famille Poisson rouge. À 28 ans, quand je suis devenu croyant après ma nuit au désert, j'ai construit ma foi de manière sauvage et solitaire. Puis la lecture des évangiles a fait naître ma passion pour Jésus mais ne m'a pas relié à une communauté. Et je me retrouve à Nazareth, me demandant pourquoi Dieu a choisi un trou pareil, parmi des pèlerins qui s'apprêtent à célébrer les vêpres. Mal à l'aise, réticent, confus, je reçois la communion. Et mon coeur s'affole.
Durant tout le pèlerinage, cette part de vous qui se défend va peu à peu s’ouvrir. Et l'eucharistie prendre une place importante. L'hostie descend dans mon oesophage et monte dans mon âme. Mon corps ingère celui du Christ, mon esprit reçoit son message. Même si mes performances en Ave Maria ne s'améliorent pas, j'absorbe la même hostie que mes compagnons de voyage et, quand la messe en plein air sur les rives du lac de Tibériade s'achève, je regrette qu'elle soit déjà finie.
À Nazareth, vous avez rendez-vous avec Charles de Foucauld. Je lui dois tout. Si je n'étais pas parti dans le Hoggar pour écrire un scénario sur son destin, je n'aurais jamais vécu ma nuit mystique. Charles de Foucauld a séjourné trois années à Nazareth chez les Clarisses avant d'aller témoigner du Christ parmi les Touaregs. Je m'assois dans le jardin qu'il entretenait pour les sœurs et je récite sa prière: "Mon Père, je m'abandonne à toi…" Ce saint a été mon guide, il m'a aidé à percevoir ce qui me dépassait.
En vous rendant à Bethléem, vous découvrez le mur qui sépare Israël et la Palestine. Le mur, sa laideur, son échec. L'essence de la tragédie. Chacun justifie son occupation du territoire par une présence ancestrale et dénie ce droit à l'autre.
Personne n'a ni tort ni raison. Le mur, c'est la force qui prend le pas sur le dialogue, la complexité, la nuance. Je préfère les ponts qui ouvrent l'horizon.
Jérusalem vous rebute d’abord, pourquoi ? Au mont des Oliviers, je contemple cette citadelle guerrière et perçois davantage d'agressivité que d'hospitalité. Comme Jésus, je préfère la verte Galilée à cette clameur qui gronde entre les remparts. À l'intérieur de l'enceinte, notre groupe arpente d'interminables venelles, assailli par les marchands, pour se rendre au Saint-Sépulcre. Quelques secondes au pied de l'autel, poussés par des moines qui gèrent la circulation, insensibles à l'émotion des croyants. Je suis affligé par cette mascarade.
Et pourtant vous allez y vivre une expérience physique, charnelle. En touchant le rocher où fut plantée la croix du Christ, je suis saisi. Je sens la chaleur d'un être invisible. L'odeur d'un corps. Je suis envahi, absorbé par la présence d'un vivant que j'ai l'impression de frôler. J'éprouve dans ma chair la rencontre avec un homme et un Dieu. Je fais une expérience sensible, bouleversante du Mystère. Je me sens aimé.
Avez-vous hésité à livrer ce témoignage intime ? Comment garder pour moi ce cadeau, cette révolution intérieure de la révélation? J'ai voulu la partager, tenter de la mettre en mots pour permettre à d'autres d'exprimer le sentiment d'une transcendance. L'intuition, la sensation sont d'autres chemins de la connaissance. Je préfère être à ma place qu'à celle de ceux qui se moqueront.
Via dolorosa, esplanade des Mosquées, mur des Lamentations, vous foulez les lieux des trois monothéismes et des conflits. Pourquoi les trois religions ne peuvent-elles dialoguer alors qu'elles vénèrent le même Dieu? Les synagogues, les églises, les mosquées coexistent bien entre les remparts. Les pierres sont plus sages que les hommes ; elles savent qu'elles sont faites d'une matière commune. La cité millénaire nous avertit: croire n'est pas savoir, aucune religion ne détient la vérité. Ici plus qu'ailleurs Dieu nous met au défi de la fraternité. Je pensais traverser Jérusalem. C'est Jérusalem qui m'a traversé.
Au retour, le pape François vous reçoit comme un frère, qu’avez vous perçu de lui ? Sa bienveillance infinie, sa lumière. Le pape est un être habité par une force plus grande que lui, qu'il se consacre à servir. Chez François, Dieu est au travail.
*Soleil sombre est le tome 3 de La traversée des temps, cycle romanesque de l'histoire de l'humanité.31 mars * Les vidéos du Jour du Seigneur
Vidéo 1 : Dimanche des Rameaux : Emotions au cœur de la foi : Au terme du Carême, êtes-vous prêts à vivre la Semaine Sainte, à vous laisser toucher par la liturgie ? En ce dimanche des Rameaux, faites-le test !
Un très large choix de vidéos, pour tous publics, vous est proposé par le Jour du Seigneur. Profitez-en ! Cliquez ici !
Vidéo 2 : Un jardin d'Eden au Congo - sur les pas de sœur Geneviève. Fille de la Charité, sœur Geneviève, 80 ans en 2009, est une femme a la ténacité et à la volonté exemplaires ! Par amour, elle a consacré toute sa vie aux autres. "Je ne suis pas là pour recevoir ! ".